Histoire - Chevaliers de la table ronde - Tristan - Blog du Templier
Chevaliers de la table ronde
L’histoire de Tristan et Iseut (ou Iseult, Yseut, Yseult) a traversé les siècles pour intégrer la littérature. Elle est d’origine celtique, mais ce sont les poètes normands qui en ont fait les premières rédactions qui nous sont conservées.
Tristan est le fils de Rivalen, roi du Léonois et de Blanchefleur, sœur du roi Marc de Cornouailles, dès sa naissance voué au malheur. Son père perd sa couronne, et sa mère meurt en le mettant au monde. On comprend rapidement pourquoi il se nommait ainsi. Parti à l'aventure après avoir été élevé par Gorvenal, Tristan, alors âgé de quinze ans, arrive à la cour de son oncle le roi Marc, et fait l'admiration de tous, tant par sa bravoure que par ses dons de harpiste.
Mais ayant tué le géant Morholt, beau-frère du roi d'Irlande, il est blessé par sa lance empoisonnée et on le laisse, seul, dans une barque à l'abandon, qui finit par aborder en Irlande, où Tristan se fait passer pour le jongleur Tantris. La reine, vient à son chevet, le guérit par enchantement et lui demande d'initier sa fille, Yseult-la-Blonde, à la musique.
Quand il revient en Cornouailles, les barons l'accusent de vouloir empêcher le mariage de son oncle qui commence à se faire vieux.
Alors Tristan offre d'aller chercher lui-même la seule jeune femme dont le roi parle tout le temps. Dans une autre version de la légende, il doit retrouver la jeune fille dont un cheveu d'or serait tombé aux pieds du roi, lâché par une hirondelle qui voulait en tapisser son nid.
Tristan se rendit donc une nouvelle fois en Irlande où il tua le terrible dragon qui dévastait la région. Il lui trancha la langue empoisonnée mais se fit assommer d'un coup de queue du monstre. Il fut découvert par des paysans qui l'amenèrent au château où il demanda Yseult en mariage pour le roi Marc. Or celle-ci s'aperçut qu'un éclat trouvé dans la tête du géant Morholt provenait de l'épée de Tristan, la jeune fille voulut le tuer. Sa mère obtint qu'elle pardonne et lui remit un philtre qui l'unira amoureusement au roi Marc pour toujours.
Toutefois, au cours de la traversée, Tristan et Yseult, par une fatale erreur, boivent le philtre d'amour qui l'enchaînera jusqu'à la mort.
On célèbre bientôt les noces de Marc et d'Yseult sont célébrées mais, la nuit venue, elle se fait remplacer dans le lit nuptial par sa fidèle Brangaine. Tristan et Yseult continuent de s'aimer, et les ennemis de Tristan (spécialement Andret) le font bannir de la cour, bien que le roi ne parvienne pas à le croire coupable. Les deux amants, malgré tout, continuent de se voir. Ils se donnent rendez-vous la nuit, dans le jardin, sous un arbre près de la fontaine et, pour convenir du rendez-vous avec la jeune fille, Tristan jette dans cette fontaine des morceaux de bois qui sont autant de signes convenus entre eux. Dénoncé de nouveau par le méchant nain Frocin, Ils sont condamnés au bûcher mais, sauvés par miracle, ils se réfugient dans la forêt où ils mènent une vie misérable.
Les romans de Tristan et la tradition courtoise
La présence du terme de fin'amor dans le manuscrit de Béroul comme celle d’un véritable discours sur l’amour chez Thomas peuvent induire en erreur et amener à rapprocher trop rapidement les romans de Tristan du genre du roman courtois. La différence majeure tient à ce que dans la tradition courtoise, le désir est unilatéral (de l’homme vers la femme objet de désir) et est absolument maîtrisé et canalisé dans le but de produire le discours amoureux qui constitue la matière même de l'œuvre. Or ce qui fonde les romans de Tristan et au-delà la légende même de Tristan et Iseut, c'est l’incapacité des deux amants à maîtriser leur désir. Quand le désir dans la tradition courtoise est fécond parce qu’il n'est jamais réalisé et permet au poète de chanter son amour, le désir dans les romans de Tristan, en raison du philtre, est déjà réalisé, et constitue une source d’angoisse plus qu’un sujet d’exaltation. Au culte du désir de la tradition courtoise les romans de Tristan substituent l’image d'un désir destructeur, qui constitue même un contre-modèle dont on doit détourner les jeunes générations. Le récit de cette passion funeste doit chez Thomas prévenir les nouveaux amants.
Contre tous les pièges de l'amour
Cependant, une interprétation purement négative du désir dans les romans de Tristan serait biaisée ; on peut également voir dans la mort des amants la réalisation suprême d’un amour qui dépassait nécessairement les bornes du monde des hommes. Il reste que le désir dans les romans de Tristan est, contrairement à sa position dans les romans courtois, à la fois réciproque et impossible à maîtriser.